L’étude SPARCL, publiée en 2006, avait pour but de tester la prévention des AVC par réduction agressive du taux de cholestérol.
Je ne m’étais pas jusqu’à présent penché cette étude (je le reconnais volontiers, certaines fois je suis un gros fainéant…), mais la publication d’une nouvelle relecture de cette étude m’a décidée à revoir celle-ci1.
Initialement, cette dernière avait pour but de tester l’efficacité d’une statine à haute dose (Atorvastatine 80 mg) sur la prévention des AVC chez les patients sans maladie coronarienne connue qui ont subi un AVC ou un AIT au cours des six mois précédents.
Comme toute étude sur les statines, les auteurs mettent en avant les résultats en pourcentages relatifs avec une réduction de 16 % du critère principal (AVC fatal et non-fatal), ce qui ramené en pourcentages absolus nous donne une réduction annuelle de 0,39 % et 0,28 % pour les AVC fatals et non-fatals respectivement. Concernant le reste, ça tourne largement en dessous de 0,5 % quasiment pour tous les autres. On peut aussi noter une très légère augmentation de la mortalité totale dans la branche Atorvastatine.
Concernant les effets secondaires, ça tient du miracle. Je cite : «Les évaluations de l’innocuité n’ont révélé aucune différence significative entre les groupes quant à l’incidence des événements indésirables graves.
».
Circulez, il n’y a rien à voir. Tout juste concèdent-ils une très légère augmentation (à peine significative d’après eux…) des douleurs musculaires.
Consternant alors que de plus en plus d’études font état d’une augmentation des effets secondaires indésirables dus aux statines2.
Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Suite à la découverte de cette sublime étude, je me suis donc attelé à l’examen de la relecture de cette dernière3.
Encore plus magnifique que la première. En effet, cette nouvelle analyse de l’essai SPARCL conclue que, simultanément aux excellents résultats de l’étude originale, l’Atorvastatine réduit aussi l’ensemble des évènements vasculaires de 20 à 50 %.
Ah, la magie des pourcentages relatifs… surtout combiné à un éventail très large de symptômes vasculaires (plus le nombre de critère est important, plus il est facile d’obtenir un résultat positif). Je n’ai pas réussi à trouver leur méthode de calcul pour l’ensemble des évènements vasculaires, mais ramené en pourcentage absolus annuels, les résultats individuels varient de 0,00 et quelques pour cent à un peu plus de 0,50 % pour les cas les plus optimistes.
Bref, là aussi rien de nouveau sous le soleil.
Par curiosité et afin de coller à la réalité, j’ai voulu calculer le total de pourcentage d’augmentation des effets secondaires de la branche statine.
Suis-je bête, les deux études (que ce soit l’étude originale ou la post-analyse) ne rapportent aucun effet secondaire dû aux statines !
Un peu pris de court, j’ai donc repris les différentes études cliniques sur les statines que j’avais développés sur mon site4 et ai étudié leurs références aux effets secondaires .
Vous allez rire :
- ALLHAT-LLT : Légère augmentation des cancers, RAS par ailleurs
- ASPEN : «
Les événements indésirables sont survenus avec une fréquence similaire dans les deux groupes de traitement pour les groupes de prévention totale, de prévention primaire et de prévention secondaire.
» - AURORA : «
Aucune différence significative entre les groupes de traitement
» - CARE : À part une légère augmentation des cancers, rien à signaler…
- CORONA : «
La plupart des catégories d’événements indésirables étaient moins fréquentes dans le groupe Rosuvastatine
» - JUPITER : «
Le nombre total d’événements indésirables graves signalés était similaire dans les groupes Rosuvastatine et placebo
» - LIPID : «
Il n’y a eu aucune augmentation significative de l’incidence des événements indésirables qui ont finalement été attribués au médicament étudié.
» - PROSPER : «
Les événements indésirables graves ont été signalés avec une fréquence similaire dans les deux groupes.
». Quant à l’augmentation des cancers constatée lors de cette étude, ils ne seraient bien évidemment dus qu’au hasard… - SPARCL : «
Les évaluations de la sécurité n’ont révélé aucune différence significative entre les groupes quant à l’incidence des événements indésirables graves
» - WOSCOP : À part une légère augmentation des cancers, rien à signaler.
Donc, qu’on se le dise, d’après ces grandes études les statines n’ont quasiment aucun effet secondaire !
Deux hypothèses : soit l’effet placebo est tellement puissant que les patients prenant celui-ci ressentent systématiquement les mêmes effets secondaires que les statines, auquel cas il serait temps de revoir sérieusement le protocole des études cliniques ; soit les labos occultent invariablement la vérité et masquent volontairement les effets secondaires de leurs produits.
Sachant que tout médicament induit obligatoirement des effets secondaires, plus ou moins importants, plus ou moins graves, mais aucun n’est et ne peut être totalement inoffensif ; j’en conclus donc que dans tous les cas, on prend vraiment les patients pour des abrutis…
Tant de désinformation et de mépris de la santé des patients m’ayant vraiment gonflé, je me suis permis de calculer (à la louche comme d’habitude) le pourcentage total des effets secondaire dont j’ai présenté le tableau en page Les effets secondaires des statines.
Bilan : 177 % d’augmentation (en % absolus bien évidemment) de l’ensemble des effets secondaires indésirables dus aux statines.
Voila, fallait pas me mettre en colère !
1 Maladies cardiovasculaires et statines : Trial SPARCL
2 Maladies cardiovasculaires et statines : Les effets secondaires des statines
3 JACC : Atorvastatin Reduces First and Subsequent Vascular Events Across Vascular Territories
4 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statines : Essais cliniques des statines