Tiens ? Ça faisait longtemps que je n’avais parlé cholestérol et inhibiteurs de PCSK9…

Le Congrès de l’American College of Cardiology (ACC) 2018 s’est terminé avec, si l’on écoute les comptes-rendus dithyrambiques des éminents professeurs grassement rémunérés par l’industrie pharmaceutique, des avancées conséquentes et extraordinaires concernant la réduction des maladies cardiovasculaires…

L’American Heart Association (AHA) et l’American College of Cardiology (ACC) ont pondu leurs nouvelles recommandations (les fameuses « recos ») concernant les maladies cardiovasculaires. Celles-ci avaient été mises à jour en 2013 et toute référence au taux de cholestérol y avaient été supprimée, au grand désespoir des cardiologues européens, très attaché au mythe du mauvais cholestérol qui bouche les artères… J’avoue que je n’ai pas eu le courage de lire les 120 pages du rapport, mais les nombreux résumés disponibles permettent d’en faire une bonne synthèse.

Tout d’abord, le calculateur (uniquement en prévention primaire) mis en place lors de la précédente mise à jour a été remanié pour inclure… les taux de cholestérol total, LDL-C et HDL (cardiologues européens très contents…).
Afin de tester cette nouvelle mouture, j’ai donc fait une simulation pour un homme de 59 ans (c’est âge maximum accepté par celui-ci), de race blanche, avec un TC de 200 mg/dl, HDL-C de 40 mg/dl, LDL-C de 130 mg/dl, tension à 120/60, non fumeur et sans aucun traitement. Passons sur le fait que ce calculateur ne prenne même pas en compte ni l’alimentation (il y a quand même une énorme différence entre le régime alimentaire à base de hamburger/coca et celui de type méditerranéen1 !), ni la non-sédentarité, pour nous attarder sur les résultats.

Pauvre de nous…

Les résultats nous donnent 8,4 % de risques de subir une maladie cardiovasculaire à 10 ans, bien au-dessus du seuil idéal de 5,2 %. Mais qu’à cela ne tienne, comme avec l’abaissement des nouvelles normes de tensions nous sommes tous hypertendus (eh oui, avec 120 de pression systolique, nous sommes pré-hypertendu ; et donc avec déjà un pied dans la tombe…), un traitement hypotenseur va nous abaisser le risque à 6,2 %.
Extraordinaire, n’est-ce pas ?

Et si l’on y ajoute un traitement par statine, nous arrivons au seuil idéal de 5,2 % de risque.
Alors, elle est pas belle la vie !

En ce qui concerne la prévention secondaire, pas de changement, ce sont obligatoirement statines à haute dose afin de faire baisser au maximum le LDL-C ; et si ça ne suffit pas, on y ajoute Ezetimibe, inhibiteurs de PCSK9 et incantations du chaman du coin de la rue.
Donc rien de nouveau sous le soleil…

Passons aux inhibiteurs de PCSK9 (le fabuleux médicament qui coûte son pesant d’or). L’essai clinique ODISSEY présenté lors de ce congrès annonce une baisse de 15 % du critère principal comprenant un maximum d’éléments (plus nombreux sont les éléments d’un critère, plus il est facile d’améliorer les résultats..). Pour recentrer le débat, précisons que ces résultats sont émis en pourcentages relatifs, ce qui n’a rien à voir avec les pourcentages réels puisque ceux-ci atteignent seulement 1,57 % de réduction sur 4 ans, soit 0,39 % par an. Vraiment pas de quoi fouetter un chat !
Quant à la mortalité cardiovasculaire, avec 0,33 % de réduction de la mortalité par CHD sur 4 ans (soit 0,08 % par an…) et 0,18 % de réduction de la mortalité par CVD sur 4 ans (soit 0,04 % par an…), on ne peut franchement pas parler de résultat probant.
Pour ce qui est de la mortalité globale, celle-ci atteint 0,15  % de réduction par an dans la branche PCSK9.

J’oserai dire tout ça pour ça !

On peut aussi noter que l’efficacité du produit sur la baisse du cholestérol diminue avec le temps, passant d’une baisse moyenne de 62,7 % du cholestérol LDL-C à 4 mois à 54 % au bout de 48 mois. Le cholestérol (LDL-C) étant, selon ces messieurs,  « l’unique cause » des maladies cardiovasculaires, même pas sûr qu’en plus ces biens médiocres résultats perdurent au fil des années…

Pour terminer, un élément qui m’étonnera toujours sont les effets secondaires indésirables pas plus élevés qu’avec le placebo. Lorsque l’on voit le nombre d’études qui prouvent que l’on vit mieux et en meilleure santé avec un taux de cholestérol élevé2, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence de ces résultats. Il faut dire qu’un essai clinique de 4 ans se termine bien avant que les effets secondaires à long terme commencent à apparaître !

 

 

1 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statines  : Le régime méditerranéen ou « Crétois »
2 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statines : 1001 raisons de ne pas faire baisser son cholestérol à l’aide de médicaments hypocholestérolémiants