Je viens de lire un rapport assez édifiant sur le lobbying au sein de l’union européenne. Tout ce qu’il peut y avoir d’industries (majoritairement nocives pour l’environnement et les populations) et institutions financières (majoritairement celles dont l’éthique n’est pas la préoccupation première), toutes celles-ci sont largement introduites au sein des diverses instances européennes par l’intermédiaire de divers Think Thanks, cabinets d’avocats spécialisés et organismes de lobbying de tout poil.
Le nombre lobbyistes travaillant dans le quartier européen est estimé à plus de 25 000, quant aux dépenses pour faire pression sur l’union européenne, celles-ci sont estimées au minimum à 1,5 milliard d’euros. Comme quoi tout s’achète et surtout la vertu de nos députés européens. Pas tous, heureusement, pas tous… mais hélas encore trop puisqu’il apparaît clairement que la plupart des décisions sont prises non pas en fonction de ce que celle-ci peuvent apporter de bien aux habitants de l’Europe, mais surtout en fonction des désirs des industries.
Les 10 plus gros budgets alloués au lobbying, enfin une estimation de ceux-ci (leur déclaration étant sur la base du volontariat, nul doute que les budgets réels doivent être autrement plus conséquents….) sont les suivants :
- Conseil européen de l’industrie chimique : 12 100 000 €
- EUROCHAMBRES (Association des chambres de commerce et d’industrie européennes) : 7 600 000 €
- Fleishman-Hillard : 6 750 000 € – 6 999 999 €
- Insurance Europe : 6 750 000 € – 6 999 999 €
- FTI Consulting Belgium : 6 000 000 € – 6 249 999 €
- General Electric Company : 5 500 000 € – 5 749 999 €
- Fédération européenne des associations et des industries pharmaceutiques (EFPIA) : 5 528 906 €
- Interel Europe an Affaire : 4 750 000 € – 4 999 999 €
- EUROCENTIMES : 4 750 000 € – 4 999 999 €
- Association pour les marchés financiers en Europe : 4 500 000 € – 4 749 999 €
Comme on peut le voir, l’industrie pharmaceutique n’est pas en reste puisqu’elle arrive directement en 7e position mais une industrie peut faire partie de plusieurs activités de lobbying, par exemple les industries pharmaceutiques sont aussi défendues par le Conseil européen de l’industrie chimique qui lui, se classe en première position…
On y retrouve ensuite nombre d’industries pétrolières les plus polluantes (Shell, ExxonMobil, etc.), les industries du tabac, les industries automobiles plus bien d’autres encore, sans oublier bien sûr les grosses industries informatiques Google, Facebook, Microsoft et consorts qui font pression sur l’union européenne soit directement, par l’intermédiaire d’un organisme pompeusement dénommé EPA (European Privacy Association, c’est-à-dire « Association européenne pour la vie privée »), le comble pour des sociétés dont justement les données privées sont le fonds de commerce !
Concernant le nom des organismes, il est étonnant de constater que là aussi le « greenwashing » bat son plein avec des noms flatteurs pour des activités qui le sont beaucoup moins. Outre l’EPA, j’ai relevé notamment :
- European Policy Information Center : Organisme chargé de bloquer toute réglementation préjudiciables aux industries
- DG Santé : ou plus longuement « Direction Générale de la Santé et de la Sécurité Alimentaire » et dont les diverses pressions ne vont certainement pas dans le sens d’une meilleure santé de la population…
- Friends of Europe : (les amis de l’Europe…) qui défend, entre autre, les grosses industries chimiques et pétrolières
- Red Flag : qui défend notamment les industries du tabac
- ESA : « Association Européenne des Semences » qui défend uniquement les intérêts des grands semenciers (Monsanto, Syngenta, etc.)
- DG AGRI : un gros coup de chapeau pour celle-ci (Direction Générale de l’Agriculture et du Développement Rural) et dont le nom n’a strictement rien à voir avec le bucolisme d’un développement rural puisque son objectif est surtout de soutenir un modèle d’agriculture intensif et industriel
- Clean Europe Network : (Réseau pour une Europe Propre) encore une nominée pour son hypocrisie, son but étant de retarder toute mesure (réduction des déchets, consignes, etc.) pouvant nuire à l’industrie de l’emballage
On y découvre aussi comment l’infiltration de l’union européenne se fait grâce aux fonctionnaires qui la quitte avec leurs carnets d’adresses et leurs contacts pour entrer… dans des cabinets de lobbying à l’instar de Jose Manuel Baroso chez Goldman Sach ou Neelie Kroes chez bank of America, ou à contrario quitter de grandes entreprises pour entrer dans l’union européenne.
Je terminerai par une phrase du directeur général de l’ESF, Pascal Kerneis qui résume bien l’hypocrisie ambiante : « L’industrie s’opposera à tout accord dans lequel la protection des investissements est mise dans la balance face aux objectifs de politiques publiques, en particulier les droits humains et les droits du travail ».
Un guide à lire impérativement pour tous ceux et celles qui se préoccupent de leur santé et qui souhaitent en savoir plus sur ce sujet.
Observatoire des multinationales : Lobby Planet – Petit Guide de la Lobbycratie à Bruxelles
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