Afin de faire des économies, le gouvernement entend diminuer le remboursement des soins dentaires de 70 à 60 %, transférant par cette manœuvre une partie du remboursement de ceux-ci aux mutuelles1.
Bientôt, les « sans dents » (dixit un ancien président…) et « ceux qui ne sont rien » (dixit un actuel président…) n’auront plus qu’à se laisser crever, car à ce rythme et d’ici à quelques années, la santé ne sera réservée qu’à ceux qui auront les moyens de se payer une mutuelle hors de prix. On peut d’ailleurs noter que ces dernières ont déjà fortement augmenté ces dernières années (la mienne a augmenté de 54 % depuis 2015…) avec, pour certaines, une hausse pour 2023 pouvant dépasser les 7 %2.
Donc, il faut faire des économies, d’après le gouvernement.
Il est réellement regrettable et dommageable que les seules solutions envisagées se fassent au détriment de la santé et du bien-être de la population.
Alors qu’il y aurait bien évidemment beaucoup d’autres pistes à envisager :
Les réductions de cotisations sociales (cotisations qui alimentent la sécu, les retraites, le chômage…) ont coûté à l’état 66 milliards d’euros en 2019, pour un résultat sur l’emploi plus que moyen3. Si l’on revient sur l’arnaque du CICE, tant vanté par l’inénarrable ex-président du MEDEF Pierre Gattaz qui promettait de créer 1 million d’emplois en 5 ans, on ne peut que constater un bilan plus que minable : certes, les profits des grosses entreprises et les dividendes aux actionnaires se sont envolés ; mais seuls 100 à 160 000 emplois ont été effectivement créés pour un montant de plus de 100 milliards d’Euros4. Pour l’efficacité, on repassera et à ce prix-là, ce n’est même plus de l’arnaque, c’est de l’escroquerie pure et simple ! Il faut vraiment avoir fait l’ENA pour pondre des conneries pareilles et y croire…
Un autre élément qui me hérisse sont les remboursements des nouveaux médicaments. D’après une étude allemande5, plus de la moitié (58 %) des nouveaux médicaments mis sur le marché entre 2011 et 2017 ne présentaient aucun bénéfice additionnel par rapport au traitement standard que ce soit sur la mortalité, la morbidité ou la qualité de vie dans la population de patients chez lesquels ils étaient indiqués et 16 % présentaient un bénéfice additionnel (amélioration du service médical rendu) soit mineur, soit impossible à quantifier.
Ces nouveaux produits sont donc mis sur le marché à un prix largement supérieur à ceux qu’ils sont censés remplacer (innovation oblige…) pour un supplément d’efficacité nul. Mais le plus scandaleux étant que notre Sécurité Sociale les rembourse sans coup férir.
Si je prends l’exemple du Prasugrel (Effient) versus Clopidrogel, voici la conclusion de la HAS6 : l’association EFIENT 10 mg + aspirine n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport à l’association clopidogrel + aspirine pour le traitement des patients ayant un syndrome coronaire aigu devant être traités par intervention coronaire percutanée.
(pour rappel, un ASMR V signifiant « absence de progrès thérapeutique » ).
Donc, nous avons un produit pas plus efficace, mais dont le prix est multiplié par 4 et que la sécu rembourse sans moufter.
Et encore, ce n’est pas le pire…
Je pense par exemple aux inhibiteurs de PCSK9 qui n’ont toujours pas montré une quelconque efficacité à réduire les maladies cardiovasculaires, mais qui sont commercialisés à des prix astronomiques. Par exemple, le Praluent est commercialisé 437,37 € la dose à renouveler tous les 15 jours, versus 3,15 € pour du Crestor sur la même durée, soit un coût quasiment 140 fois supérieur…
Et encore, je passerai brièvement sur les prix carrément scandaleux et indécents de certains traitements anticancéreux comme le démontre cette enquête suisse7.
On pourrait aussi évoquer la fraude fiscale et sociale (je ne parle même pas de l’évasion fiscale, qui même si moralement répréhensible, est parfaitement légale…) qui coûterait annuellement, au bas-mot, entre 80 et 100 milliards d’euros à l’état8 (soit quasiment le double du budget de l’éducation nationale [59 milliards d’euros], 14 fois le déficit de la sécu prévu pour 2023 [6,8 milliards] et 6 fois le déficit de la branche assurance vieillesse prévu pour 2026 [16 milliards])9.
Hélas, nous avons un gouvernement qui préfère solliciter toujours les mêmes, autrement dit les classes moyennes et ouvrières, sachant très bien que celles-ci n’ont pas leurs entrées à l’Élysée et de ce fait n’ont donc qu’un seul droit, celui de se taire !
Et puis, si tant est qu’elles aient quelques velléités de manifester leur mécontentement dans la rue, le gouvernement a montré avec quelle facilité il les réduisait au silence à grand coup de grenades lacrymogène, de mutilations ou d’éborgnements provoqués par des forces de l’ordre qui ont tendance à oublier que les personnes qu’ils tabassent défilent pour défendre des causes qui les concernent, elles aussi, ainsi que leurs familles, leurs enfants…
1 France Info : Santé : les soins dentaires moins remboursés
2 Que Choisir : Complémentaires santéLes cotisations flambent à plus de 7 % en 2023
3 LVSL : Et si on revenait sur les exonérations de cotisations sociales ?
4 Wikipedia : Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi
5 Medscape : Nouveaux médicaments : apportent-ils vraiment un bénéfice ?
6 HAS : SYNTHÈSE D’AVIS DE LA COMMISSION DE LA TRANSPARENCE EFIENT 10 mg (prasugrel), antiagrégant plaquettaire
7 RTS : Les marges spectaculaires des pharmas sur le cancer en Suisse
8 L’Express : Fraudes sociale et fiscale : ce que disent les derniers chiffres
9 Le Monde : Budget de la « Sécu » 2023 : les comptes se redressent
Très bon article, il est bien vrai qu’on se moque de nous quant au prix des médicaments inutiles … mais il faut bien engraisser les copains…