L’étude FOURIER sur les inhibiteurs de la PCSK9 est un franc succès ? Arrêtons de prendre les patients pour des abrutis…

Donc, ça y est, nous avons enfin les résultats de l’étude clinique FOURIER d’AMGEN sur l’évolocumab (Repatha®). Je vous passe les sempiternels commentaires dithyrambiques et les publireportages que l’on peut trouver sur les divers sites sponsorisés par l’industrie pharmaceutique pour s’attarder sur les résultats fournis par AMGEN (transparence, mais pas trop… Il ne faudrait pas jeter en pâture les données brutes, au cas où celles-ci tomberaient en de mauvaises mains !). Je rappelle que cette étude testait l’efficacité d’un mélange statines + évolocumab versus statines + placebo (donc avec statines dans les 2 cas).
Je vous préviens, je me lâche…
Tout d’abord, il faut noter que l’étude a été interrompue prématurément au bout de 26 mois (au lieu des 4 ans prévus initialement) et si l’on examine le graphique concernant l’efficacité des points de terminaison primaires et secondaires, il est étonnant de constater que l’étude s’est terminée alors que les courbes commençaient à se rapprocher (ce que l’on avait déjà pu observer dans l’étude Jupiter, de sinistre mémoire…).

Dans le « Supplementary Appendix », on peut aussi noter que l’augmentation des décès dans le groupe évolocumab est en pleine augmentation la deuxième année… De quoi justifier l’arrêt prématuré de l’étude ?

Concernant la baisse du cholestérol, les niveaux atteints sont incroyablements bas : environ 0,30 mg/dl de cholestérol LDL. Une simple référence aux études concernant la relation entre cholestérol et mortalité (voir en page Le cholestérol) démontre que, sur une durée de 10 ans (et donc autrement plus conséquente que les 2 années de cette études), l’on vit plus vieux et en meilleur santé avec un taux de cholestérol élevé et qu’à contrario, un taux de cholestérol bas augmente la mortalité générale (et plus celui-ci est bas, plus la mortalité augmente)…
Ensuite passons aux chiffres.
Le critère d’efficacité primaire était composé de plusieurs éléments comportant décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde, AVC, hospitalisation pour angor instable ou revascularisation coronarienne, le critère d’efficacité secondaire étant composé de décès cardiovasculaires, infarctus du myocarde ou AVC. Manque plus que les corps aux pieds et les rages de dents…
Je vous passe les pourcentages relatifs toujours très avantageux pour les labos et vous encourage à consulter le tableau ci-dessous :

Évolocumab & statinePlacebo & statineEfficacité en pourcentage absoluEfficacité en pourcentage absolu annuel
NbreNbre%%
Primary end point (Cardiovascular death, myocardial infarction, stroke, hospitalization for unstable angina or coronary revascularization)134415631,59%0,72%
Cardiovascular death251240-0,08%-0,04%
Myocardial infarction4686391,24%0,56%
Stroke2072620,40%0,18%
Hospitalization hospitalization for unstable angina2362390,02%0,01%
Coronary revascularization7599651,50%0,68%

Je m’abstiendrai de détailler les critères secondaires qui sont exactement du même acabit et n’apportent rien de plus.
J’oserai dire : tout ça pour ça ! D’autant plus que l’on peut noter une légère augmentation de la mortalité toutes causes et cardiovasculaires dans le groupe évolocumab… Le comble concernant un médicament censé la réduire !
Quant au coût du traitement concernant des chiffres aussi ridicules (actuellement 15 000€ le coût annuel de traitement / personne), ça nous fait (annuellement) un coût de 2,6 millions d’euros pour éviter un infarctus, presque 8,5 millions d’euros pour éviter un AVC, 150 millions d’euros pour éviter une hospitalisation pour angor instable et 226 millions d’euros pour éviter un décès par AVC !
Combien le coût annuel du régime méditerranéen pour des résultats autrement plus performants ?
Est-ce qu’un jour on va arrêter d’imposer des médicaments inutiles et dangereux juste pour protéger les bénéfices des industriels ?
Ces messieurs les actionnaires des labos pharmaceutiques peuvent dormir tranquille, les affaires reprennent…