Les médecins achetés par les labos… (suite)

Pour ceux qui ne connaissent pas le LEEM (abréviation de « Les Entreprises du médicament », déjà tout un programme…), cet organisme est un syndicat représentant les industries pharmaceutiques. Celui-ci représente environ 260 entreprises réalisant près de 98 % du chiffre d’affaires total du médicament sur le territoire1. En outre, on peut aussi noter qu’au niveau national le LEEM est membre de la FEFIS (Fédération Française des Industries de Santé) et du MEDEF. Pour ce qui est de l’international, le LEEM siège à la Fédération Européenne d’Associations et d’Industries Pharmaceutiques (EFPIA), et assure la vice-présidence de l’International Federation of Pharmaceutical Manufacturers & Associations (IFPMA).
À ce titre et bien que je n’aie trouvé nulle part une quelconque information sur leurs sources de financement (question transparence, des progrès restent à faire…), on peut raisonnablement penser que cette vénérable institution est intégralement financée par les laboratoires pharmaceutiques.

Aussi n’ai-je été aucunement surpris lorsque j’ai découvert un communiqué du LEEM concernant l’étude Association between gifts from pharmaceutical companies to French general practitioners and their drug prescribing patterns in 2016: retrospective study using the French Transparency in Healthcare and National Health Data System databases évoquée dans mon précédent billet2 et au sujet de laquelle le LEEM émet ses «  plus vives réserves ».
Cet organisme assénant qu’il « dénonce fermement ce nouveau dénigrement d’une industrie dont la vocation première est d’apporter aux patients des solutions thérapeutiques toujours plus sûres et toujours plus efficaces », ou encore « que les relations de travail entre les médecins et les entreprises du médicament sont indispensables à une meilleure prise en charge des patients et invite à abandonner les caricatures. Le Leem regrette la vision simpliste et infantilisante des médecins généralistes projetée par certains commentateurs de l’étude. »

Toutes les grandes institutions médicales sont financées par les industries pharmaceutiques, idem pour la presse médicale (à part quelques trop rares trublions tels « Prescrire »), idem aussi pour la formation des médecins. Quant aux grands professeurs dont les opinions sont paroles d’évangiles, le montant de leurs rémunérations fournies par les labos fait grandement douter de leur indépendance d’esprit…
Je me contenterai aussi d’évoquer, puisqu’il paraît que « la vocation première des industries pharmaceutique est d’apporter aux patients des solutions thérapeutiques toujours plus sûres et toujours plus efficaces », les affaires du Médiator ou de la Dépakine pour les plus récentes4. Sans oublier les statines, dont l’exagération dont font preuve les labos concernant leur efficacité est proportionnelle aux bénéfices que celles-ci leur rapportent (et par contre inversement proportionnels à ces derniers pour ce qui est de leurs effets secondaires…).

Si, comme le soutien cette institution : « les entreprises du médicament ont toujours accompagné cet effort de transparence qui doit permettre de restaurer la confiance plutôt que d’alimenter la suspicion », il serait surtout souhaitable, d’abord et avant tout, qu’elles cessent de prendre les patients pour des pigeons ou des imbéciles prêt à gober tous leurs boniments…

 

 

1 LEEM : Les Entreprises du Médicament – Qui sommes-nous ?
2 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statine : Les médecins achetés par les labos ?
3 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statine : La guerre des labos pharmaceutiques contre notre santé