J’ai enfin réussi à écouter en replay l’émission « La Méthode scientifique » programmée initialement lundi 18 décembre 2017 sur France Culture. Celle-ci avait pour thème le « Cholestérol : maladie ou scandale ? » et avait pour invité Anne Georget, Michel de Lorgeril et Sylvain Duval.
Michel de Lorgeril, j’ose espérer que les visiteurs de mon site ont au moins entendu parler d’un de ses livres, sinon pour ceux qui ne le connaissent pas encore, il a été à l’origine de la lutte contre la théorie du mauvais cholestérol qui tue (et donc contre les statines qui sauvent des vies…). Anne Georget, journaliste et réalisatrice de documentaires, s’est surtout fait connaître pour son documentaire « Cholestérol, le grand bluff » (rediffusé récemment) et qui a sacrément secoué tous les ardents supporters des statines. Sylvain Duval, biologiste et expert en nutrition, est l’auteur de plusieurs livres sur la nutrition.
En préambule, Anne Georget explique que les industries pharmaceutiques abaissent continuellement les différentes normes (dont celles du cholestérol…) afin de créer des maladies qui permettent de vendre plus de médicaments, ce qui est confirmé tout au long de l’émission par les 3 intervenants.
Nous avons bien évidemment eu droit à une interview d’un cardiologue pro-statines, un certain Gérard Helft, vice-président de la FFC (Fédération Française de Cardiologie), dont les propos sont édifiants : Les maladies cardiovasculaires sont toujours provoquées par un excès de cholestérol et nécessite donc impérativement des statines.
(Entre nous, je voudrais alors qu’on m’explique alors pourquoi les patients traités avec des inhibiteurs de PCSK9 et dont le taux de cholestérol est plus qu’anormalement bas [taux de LDL-C < 0,40 mg/dl] ont encore des maladies cardiovasculaires !)
Bien évidemment, cette théorie ne résiste pas à l’argumentation de nos 3 intervenants, Sylvain Duval faisant remarquer au passage que les liens d’intérêts de ce cardiologue n’ont pas été annoncés avant l’émission comme le prévoit la loi, liens d’intérêts plutôt conséquents puisque ce monsieur a émargé auprès des labos pour plus de 140 prestations, sans compter les liens étroits qu’entretient la FFC (dont il est vice-président, je le rappelle) avec les labos… Anne Georget fait aussi une remarque très pertinente sur la mauvaise interprétation des labos concernant la théorie du cholestérol, prenant en exemple une étude de 2008 portant sur 541 hôpitaux et 137 000 patients post-infafctus, et dont 75 % de ces derniers avaient un taux de cholestérol normal ou plutôt bas. Le bon sens aurait voulu que l’on considère que si 3/4 des patients font un infarctus avec un taux de cholestérol normal, cela signifie que l’indicateur n’est pas le bon. Hélas, les labos ont choisi la voie inverse en considérant que le taux de cholestérol était encore trop haut et qu’il fallait impérativement l’abaisser.
Il est évoqué aussi le cas du Crestor et du Tahor, les plus prescrites des statines, et qui ne dispose d’aucune AMM concernant la réduction des maladies cardiovasculaires. C’est-à-dire que ces deux produits ont le droit d’être commercialisé pour leur efficacité sur la baisse du cholestérol, mais qu’aucune preuve n’a pu être apporté sur leur capacité à réduire les maladies cardiovasculaires.
La suite concerne l’influence des financements des industries pharmaceutique dans les résultats des études et il a été plusieurs fois évoqué que les résultats d’une analyse ou d’un essai clinique peuvent-être totalement différents selon s’il est sponsorisé ou non par un labo pharmaceutique.
La deuxième intervention du cardiologue Gérard Helft (largement rémunéré par les labos pharmaceutiques et vice-président d’une société elle aussi largement rémunérée par ces mêmes labos…) est tout aussi édifiante que la première. Jugez-en :
Le seul effet secondaire des statines abordé sont les douleurs musculaires provenant chez 5 à 10 % des patients, le reste des effets secondaire étant balayé d’un revers de la main. Quant aux autres médicaments faisant baisser le cholestérol, ils n’ont simplement aucun effets secondaires.
Comme l’a fait remarqué Michel de Lorgeril, ce monsieur ne doit pas avoir de patients pour dire des inepties pareilles car non seulement les douleurs musculaires sont constatées chez presque 40 à 50 % des patients, mais ce monsieur oublie simplement le diabète, les maladies rénales la maladie de Parkinson, etc.
Ensuite il est évoqué aussi la confusion de la part de la FFC entre réduction des maladies cardiovasculaires soi-disant dues aux statines et la qualité de la prise en charge des infarctus par les SAMU. En effet, un meilleur diagnostic de l’infarctus par les divers services d’urgence à permis de réduire drastiquement la mortalité.
Pour terminer, Michel de Lorgeril et Sylvain Duval ont parlé de l’hygiène de vie (réduction du tabac, régime méditerranéen, sport, etc.) qui permettent de réduire les maladies cardiovasculaires sans aucun effet secondaire…
Cette émission à permis à Michel de Lorgeril et Sylvain Duval, dont les débats et la communication avec les médias ne font pas parti de leur point fort (c’est un exercice difficile…), d’exposer calmement leurs théories sans à avoir à subir l’agressivité des personnes mieux rodées à ce genre de situation.
J’ai beaucoup apprécié les interventions d’Anne Georget qui, n’étant ni scientifique, ni médecin, à su exprimer ses idées d’une manière très simple et didactique.
Hélas, au vu des interventions de ce monsieur Helft, je ne suis pas du tout persuadé que tout ceci fasse changer d’avis cardiologues et instances médicales largement subventionnées par les industries pharmaceutiques…