En Allemagne aussi, la majorité des nouveaux médicaments ont une ASMR nulle ou mineure

C’est la triste constatation effectuée par Beate Wieseler, responsable du département d’évaluation des médicaments au sein de l’institut allemand IQWiG. Cette dernière a évalué l’efficacité de 216 médicaments ayant reçu une autorisation de mise sur le marché allemand entre 2011 et 2017.

Le constat est tout simplement édifiant. Déjà, sur ces 216 médicaments présentés comme des nouveautés, seuls 152 le sont vraiment, les 64 autres n’étant qu’une simple mise à jour de molécules existantes. Ensuite 54 (25 %) ont été considérés comme présentant une ASMR (Amélioration du Service Médical Rendu) majeure ou considérable, 35 (16 %) comme présentant une ASMR mineure ou encore impossible à quantifier, 125 (58 %) comme ne présentant aucune amélioration.

Ce qui, présenté en mode graphique, nous donne la figure suivante :

Efficacité nouveaux médicaments

 

Un autre éléments des plus intéressants pour ce site est la répartition de l’efficacité en fonction des pathologies :

Efficacité nouveaux médicaments selon pathologie

On peut donc constater qu’en cardiologie, seulement environ 70 % des médicaments mis sur le marché en Allemagne entre 2011 et 2016 ne présentent aucune amélioration (par exemple les inhibiteurs de PCSK9…).

Par contre je plains les diabétiques ou les patients soumis à un traitement psychiatrique, les labos les prenant carrément pour des pigeons avec respectivement 85 % et 95 % des nouveaux produits qui n’apportent strictement rien. Si ce n’est la fortune des labos qui les produisent et de leurs actionnaires, ces nouveaux produits étant bien sûr commercialisé à des prix beaucoup plus élevés…

Un autre point évoqué sont les procédures raccourcies de mise sur le marché des nouveaux médicaments. Ces derniers étant, aux dires des labos qui les produisent, miraculeux et doivent donc être soumis à moins de contrôles préalables (voire aucun…) afin d’être commercialisés le plus rapidement possible. Le tout bien évidemment à des prix très souvent délirants. Les patients se chargeant ensuite (à l’insu de leur plein gré…) de jouer les cobayes en testant malgré eux l’efficacité de celui-ci au cours de que les labos appellent pudiquement une étude « post-marketing ». Procédures avantageuses pour les finances des labos mais pas du tout pour les patients puisque seulement 10 % de ceux-ci présentaient une ASMR supérieure.

Tout ceci n’étant pas spécifique à l’Allemagne puisque j’avais publié en fin d’année dernière un article sur les mêmes problèmes constatés en France1

Il est extrêmement regrettable qu’aucune instance médicale ou gouvernementale ne daigne mettre fin à ces abus, laissant notre chère sécurité sociale rembourser de plus en plus cher des médicaments qui ne sont pas plus efficaces que ceux qu’ils sont censés remplacer.

On peut supposer que quelques très gros conflits d’intérêts (qui a dit corruption ?) ont leurs mots à dire…