Congrès du Collège National des Cardiologues des Hôpitaux

Je suis tombé (rassurez-vous, je ne me suis pas fait mal…) sur un compte-rendu paru sur Medscape et relatant les grandes lignes du Congrès du Collège National des Cardiologues des Hôpitaux qui s’est déroulé fin novembre.

Je passerais sur les divers états d’âmes des cardiologues pour m’étendre sur deux points qui, une fois de plus, m’ont sérieusement interpellé :

« après une hospitalisation pour un syndrome coronarien aigu, les patients doivent sortir avec une haute dose de statines et cela n’est pas fait dans 30 % des cas — on essaie de travailler à améliorer ce score. Ensuite, à deux à trois mois, on sait que les patients — et ce sont nos recommandations — doivent avoir une cible inférieure à 0,7 en termes de LDL cholestérol. Eh bien, cela n’était que dans 50 % des cas et, là aussi, la réflexion a été autour de trouver des solutions pour améliorer le fait qu’on n’ait pas peur d’un LDL bas. Il n’y a pas de courbe en J : le plus bas est le meilleur et il faut utiliser toutes les stratégies pour essayer d’y parvenir. »

Et :

« Ensuite, il a été question d’observance. On sait que lorsqu’on délivre une ordonnance à un patient — les statistiques et les études observationnelles nous l’ont montré — 30 % des patients ne vont pas chercher leur boîte de médicaments. Et pour ceux qui vont la chercher, 30 % ne vont pas les prendre. Il a donc été question de trouver des stratégies pour essayer d’améliorer cette observance. Le bénéfice d’une thérapeutique ne vaut que si elle est suivie et on ne peut pas améliorer l’état de santé d’une population si on n’améliore pas aussi l’observance des patients aux traitements et aux attitudes. »

Concernant le premier point, contrairement à ce que ce monsieur annonce, il y a bien une courbe en « J ». D’après plusieurs études (non financées par l’industrie pharmaceutique…), la courbe serait même plutôt en « J » inversée. C’est-à-dire que la mortalité augmenterait plus vite et plus fort en cas de baisse du cholestérol qu’en cas de hausse de celui-ci. A voir les nombreux liens d’intérêts de ce cardiologue (j’ai jeté un œil sur la base Transparence Santé…), une telle ignorance ou aveuglement ne me surprend aucunement.
En outre, concernant la cible inférieure à 0,7 du LDL, alors que l’on constate que même des patients sous inhibiteurs de PCSK9 et avec des taux de LDL inférieur à 0,3 font quand même des infarctus, on peut plus que sérieusement douter de la pertinence de cette cible !
Quant au deuxième point, la vérité (que ces messieurs ne veulent surtout pas voir…) est que 65 % des patients (30% + 50% de 70%) n’ont pas le courage de dire à leur médecin ou cardiologue qu’ils ne veulent surtout pas prendre un médicament de merde qui va détruire leur vie au lieu de la sauver !

Je pense qu’hélas, pour les années à venir, nous allons avoir droit à un matraquage en règle vis-à-vis des patients pour les obliger à prendre leurs statines ou autres saloperies inutiles du même genre tel le Liptruzet dont, je le rappelle, aucune étude n’a pu prouver une quelconque efficacité sur la réduction des maladies cardiovasculaires.
J’en profite pour rappeler que selon l’article Article R.4127-36 du code de la santé publique : Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas. Lorsque le malade, en état d’exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences. En conséquence, personne ne peut vous forcer à consommer un médicament que vous ne souhaitez pas prendre.

2 réflexions au sujet de “Congrès du Collège National des Cardiologues des Hôpitaux”

  1. Vous avez raison d’être critique … Néanmoins, si l’industrie ne faisait pas de bénéfices, elle ne fabriquerait pas de médicaments même utiles : ou il faudrait que les états s’en chargent … why not d’ailleurs.
    En prévention secondaire (CAD lorsque les complications de la plaque d’atherome sont là), les statines ont montré leur intêrêt sur la mortalité , pas seulement sur le taux de cholesterol …
    Voilà une des études parmis d’autres
    http://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa040583
    Voilà le récapitulatif des sociétés savantes avec des avis critiques documentés sur les nombreuses autres études : https://academic.oup.com/eurheartj/article/37/39/2999/2414995
    Ni trop, mais ni trop peu : que ce soit en critique ou en prise thérapeutique …

    • Le malaise est qu’actuellement, les industries pharmaceutiques s’occupent plus de la progression de leur bénéfice que de la santé des patients. Il n’y a qu’a constater les problèmes qu’ont les patients victimes des effets secondaire d’un médicament (cf affaire Médiator et Dépakine pour ne citer que ceux-ci…) pour faire reconnaître leur préjudice face aux labos pharmaceutiques. En outre, la très grosse majorité des médicaments (80 % si je me souviens bien) qui sortent actuellement ne sont que des pâles copies de ceux qui existent actuellement, n’apporte aucune innovation thérapeutique et n’existent que pour permettre le renouvellement des brevets et donc d’être vendus entre 2 et 10 fois plus cher (voire plus pour certains anticancéreux) que leurs prédécesseurs.
      Concernant l’étude que vous me citez, celle-ci date de 2004. Or depuis l’affaire du Vioxx (2005), les conditions des essais cliniques de médicaments ont été sérieusement durcies et depuis cette date, les effets bénéfiques des statines sont bizarrement beaucoup moins élevés, pour ne pas dire nuls…Quant au bénéfices de la baisse du cholestérol, même dans l’étude Fourrier où les taux de cholestérol atteignaient des taux anormalement bas (entre 0,20 et 0,40 pour le LDL-C), des patients décédaient quand même de maladies cardiovasculaires ! Quel taux faudrait-il atteindre pour éradiquer celles-ci ? N’oublions pas qu’avec 0 de cholestérol le corps humain ne peut plus fonctionner ! Je vous renvoie aussi à la page https://www.cholesterol-statine.fr/1001-raisons-de-ne-pas-faire-baisser-son-cholesterol-a-laide-de-medicaments-hypocholesterolemiants où de nombreuses études prouvent que l’on vit plus longtemps et en meilleur santé avec un taux de cholestérol élevé.
      Quant aux hautes institution médicales telles que la SFC, la FFC, l’ESC ou encore l’EAC que vous citez, je me permet de vous renvoyer à ma page sur les conflits d’intérêts (https://www.cholesterol-statine.fr/la-grande-interrogation-des-conflits-dinterets) où j’y parle brièvement de celles-ci. Que penser des avis d’une société, soit-disant indépendante, mais dont la grande majorité de ses membres est plus que grassement rémunérée par les labos ? Beaucoup d’institutions médicales ou scientifiques sont hélas dans ce cas, alors que ce sont elles qui font la pluie et le beau temps sur les prescriptions médicales…

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