C’est la période du premier avril et les conneries pleuvent. C’est normal !

Première connerie :

Le 26 mars, le parlement européen a cédé aux sirènes des lobbyistes vendus aux « ayants droits » (ceux qui, telle la SACEM, s’enrichissent honteusement sur le dos des artistes1…) en adoptant la directive sur les droits d’auteurs avec 348 irresponsables qui ont voté pour, 274 personnes sensées qui ont voté contre et 36 abrutis qui se sont abstenus.

Je n’étendrai pas sur tous les dangers des dérives possibles de cette directive, je vous conseille de lire ce qu’en dit la députée européenne Julia Reda2 qui, contrairement à la majorité des députés européens, connaît ce dont elle parle… pour m’étendre sur un point qui, s’il n’était pas aussi tragique, pourrait prêter à sourire : lors du vote en séance plénière concernant la possibilité de rouvrir l’examen d’un grand nombre d’amendements au sujet de cette directive, 13 députés européens ont reconnus s’être trompé de bouton3. Même si ça n’aurait pas changé l’issue du vote, je suis quand même fortement inquiet de savoir l’avenir de l’Union Européenne entre les mains de personnes même pas capable d’appuyer sur le bon bouton lors d’un vote, surtout lorsque l’on constate combien ces gens-là sont rémunérés4

Deuxième connerie :

Les maisons d’édition Elsevier et Springer Nature, spécialisées dans la publication de revues scientifiques, ont obtenu gain de cause devant la justice française afin de faire bloquer l’accès à deux sites bien connus, SciHub (les sites actifs sont listés ici) et Libgen5.

Petit (et bref) retour sur le racket organisé par ces éditeurs de revues scientifiques6 :
Un scientifique qui souhaite publier un article scientifique, s’il veut être lu par le plus grand nombre, doit impérativement passer par l’intermédiaire d’une société d’édition spécialisée (Elsevier, Springer Nature, Wiley Blackwell’s & Taylor et Francis se partageant la majorité du marché). Souvent, les scientifiques (ou les structures auxquelles ils sont rattachés) doivent même payer pour pouvoir être publié tout en acceptant généralement de céder tout droit sur leurs articles. Ensuite les éditeurs revendent, sous la forme d’abonnements, ces mêmes articles aux universités et autres instituts de recherche ou entreprises, y compris celles-là même d’où proviennent les articles. Les éditeurs étant en situation de monopole, l’augmentation du prix des abonnements à conduit de nombreuses universités à réduire ceux-ci. En outre, de nombreux chercheurs qui n’ont pas la chance d’étudier dans un pays « riche » ne peuvent pas avoir accès aux publications, et je ne vous parle même pas d’un particulier tel que moi qui devrait débourser une trentaine d’euros juste pour accéder à un article. Si vous avez un peu de temps, je vous conseille de visionner l’épisode 63 de l’excellent webzine #DATAGUEULE qui explique tout ceci plus en détail.

C’est pour cette raison qu’une étudiante en neurosciences originaire du Kazakhstan, Alexandra Elbakyan, ainsi eu l’idée de créer Sci-Hub afin de référencer dans sa base de donnée le maximum d’article scientifiques afin de les rendre accessibles à tout le monde. LibGen, quant à lui, est un moteur de recherche permettant aussi d’accéder à la plupart des articles scientifiques normalement payants.

La justice a donc ordonné aux principaux FAI français (Bouygues, SFR, Orange et Free) de bloquer les accès aux sites ci-dessus. Portée plus que symbolique puisque les universités et centres de recherches ne passent aucunement par ces FAI.
Pour ce qui est des particuliers, le blocage devrait être de type blocage DNS7, autrement dit très facilement contournable, de nombreux DNS alternatifs ainsi que la méthode pour les implémenter étant disponibles un peu partout sur le web8.
Personnellement, j’utilise un VPN9 auprès d’un prestataire de toute confiance qui me fournit son DNS et les rares fois où je surfe non couvert, j’utilise les DNS de FDN (je vous déconseille fortement ceux de Google ou d’OpenNDS).