Le procès concernant la Dépakine continu son bonhomme de chemin avec la mise en examen lundi 3 février de Sanofi pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires ». Responsabilités que Sanofi nie toujours malgré les preuves formelles des dégâts provoqués par la Dépakine chez le fœtus pour les femmes enceintes : malformations congénitales ainsi que risque accrus d’autisme et de retards intellectuels et/ou de la marche, pouvant atteindre jusqu’à 40 % des enfants exposés1.
Mais ceci n’est que de la roupie de sansonnet face à ce qu’il peut se passer de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, chez nos amis américains, l’imagination des labos pour vendre (de force…) encore plus de médicaments explose les limites de la décence.
Jugez-en : la société Practice Fusion qui édite un logiciel de prescription médicale auprès des médecins admet avoir sollicité et reçu des pots-de-vin d’une grande entreprise d’opioïdes (ainsi que de la part d’autres sociétés pharmaceutiques, semblerait-il…) en échange de l’utilisation de son logiciel de EHR (Electronic Health Records, c’est-à-dire Dossier de Santé Électronique) pour influencer la prescription par les médecins de médicaments contre la douleur aux opioïdes2. Le but premier de cette modification du logiciel était de fournir les analgésiques de la société pharmaceutique à ceux qui ne prenaient pas d’opioïdes, autrement dit de créer de nouveaux patients. Le deuxième étant de maintenir les patients déjà sous traitement et même de revoir à la hausse leurs doses via des analgésiques à effet prolongé. Un autre aspect de cet accord entre Practice Fusion et la société pharmaceutique était aussi de fournir des ordonnances plus fournies.
Tout ceci pourrait être risible si cette malversation n’avait pas été responsable de plusieurs centaines de milliers de décès, ainsi que de nombreux patients devenus accro aux opioïdes alors que leur pathologie ne justifiait en rien une telle prescription.
La procédure judiciaire n’en est qu’à son tout début, mais le ministère de la justice à annoncé que Practice Fusion a d’ores et déjà accepté de payer 145 millions de dollars pour aider à résoudre les enquêtes criminelles et civiles relatives à son logiciel de dossier de santé électronique EHR.
Eh oui, le business avant tout !
1 Le Monde : Scandale de la Dépakine : mise en examen du groupe pharmaceutique Sanofi
2 The Unites States Department of Justice : Electronic Health Records Vendor to Pay $145 Million to Resolve Criminal and Civil Investigations
A quand le procès des statines ?
Je vais être franchement pessimiste : à mon avis jamais !
1) Même si les statines ont des effets indésirables très importants, elles ne provoquent pas directement une tuerie de masse. Donc les instances gouvernementales ne vont pas se bouger le cul pour de simples cas de diabètes, de fatigues, de douleurs musculaires ou encore des décès dont, après une dizaine ou une vingtaine d’année de prise de statines, il sera très compliqué de leur en imputer la cause.
2) Combien de patients ont déclarées leurs effets secondaires indésirables dus aux statines sur le Portail de signalement des événements sanitaires indésirables ? Je ne suis pas devin, mais à mon avis ça doit à peine dépasser le niveau zéro.
3) Combien de patients ont osé déclarer à leur médecin ou cardiologue qu’ils refusent de prendre une telle saloperie qui non seulement leur sert à rien, mais en plus bousille leur vie ? Là encore, à ce que je peux constater autour de moi, ça doit aussi à peine dépasser le niveau zéro.
4) En plus si l’on y ajoute la pratique du chantage à l’emploi, le manque à gagner pour l’état du fait des impôts directs et indirects que ces entreprises reversent à celui-ci et le lobbying intense que pratiquent ces industries au niveau de nos députés…
Je confirme, à mon avis ce n’est pas gagné…
La seule solution serait que les patients refusent en masse de prendre tout produit hypocholestérolémiant. Mais il y a longtemps que j’ai cessé de rêver…