Trial ARBITER 6-HALTS

Titre officiel :

Arterial Biology for the Investigation of the Treatment Effects of Reducing Cholesterol 6-HDL and LDL Treatment Strategies in Atherosclerosis

Date de publication :

15 juin 2010

Durée :

2 ans

Sponsor :

Abbott

Conflits d’intérets :

Dr. Taylor reports receiving lecture fees from Abbott; Dr. Villines, receiving lecture fees from Novartis Pharmaceuticals; Dr. Stanek, being Senior Director of Research, Personalized Medicine Research, and Development at Medco Health Solutions, with all work on this trial performed during off hours; Dr. Devine, receiving consulting fees from MEDACorp, MDLinx, and Guidepoint Global and holding equity in Evergreen Solar, Openwave Systems, Unifi, Novavax, Genaera, and Generex Biotechnology; Dr. Miller, receiving lecture fees and grant support from Merck–Schering-Plough Pharmaceuticals; and Dr. Turco, receiving consulting and lecture fees from Abbott Cardiovascular.

Participants :

Patients atteints de maladie coronarienne (CHD) ou CHD équivalent avec une faible densité de cholestérol des lipoprotéines <100 mg / dl et lipoprotéines de haute densité de cholestérol >50 mg / dl pour les hommes ou 55 mg / dl pour les femmes.

Interventions :

  • Ézétimibe (10 mg / jour)
  • Niacine à libération prolongée (dose cible : 2,000 mg / jour)

Sources :

NEJM – The ARBITER 6-HALTS Trial – Extended-Release Niacin or Ezetimibe and Carotid Intima–Media Thickness

Quelques réflexions concernant cette étude clinique :

Cette fois-ci, l’ézétimibe est mis en compétition avec la niacine et les résultats ne sont pas à l’avantage de l’ézétimibe… Ce qui ne laisse présager rien de bon, la niacine n’étant plus commercialisée depuis 2011 suite à son manque d’efficacité à réduire les maladies cardiovasculaires et à sa propension à augmenter de manière significative le risque d’événements indésirables graves[1]

Tout d’abord, voici la conclusion officielle de l’étude :

Les résultats définitifs de l’essai ARBITER 6-HALTS confirment la supériorité de la niacine à libération prolongée sur l’ézétimibe pour le critère final sur l’évolution de la CIMT (carotid intima-media thickness) et la capacité de la niacine à induire une régression de la CIMT. Une exposition médicamenteuse accrue a été liée à la régression de la CIMT avec la niacine, et à une progression de la CIMT avec l’ézétimibe…
Donc cette étude confirme ce qu’avait démontré l’étude Enhance, à savoir que l’ézétimibe n’a aucun effet sur la réduction de l’intima-média de la carotide mais qu’en plus l’ézétimibe à forte dose provoque l’effet inverse, c’est à dire un épaississement de la CIMT !

Et si l’on fouille un peu plus… :

On peut déjà noter que cet essai clinique à été prématurément arrêté sur la base d’une analyse intermédiaire pré-spécifiée montrant que la niacine était supérieure à l’ézétimibe sur le critère de fin de la CIMT. Donc on arrête l’essai prématurément, bizarrement au moment où la niacine semble faire quelques effets, sans même chercher à savoir si ces mêmes effets auraient perduré si l’essai avait été mené à terme, voire prolongé !
Ensuite malgré une baisse du cholestérol beaucoup plus conséquente dans le groupe ézétimibe (En comparaison avec la niacine, les patients traités avec l’ézétimibe avaient atteint un taux de cholestérol significativement plus faible total, de LDL-C et HDL-C), celui-ci s’est montré totalement inefficace et même dangereux en cas de fortes doses : Une exposition médicamenteuse accrue a été liée à une progression de la CIMT avec l’ézétimibe… !
Bien évidemment, aucun effet secondaire n’a été spécifié; à croire que les médicaments hypocholestérolémiants en sont totalement exempts… Tous juste est-il concédé plus d’évènements cardiovasculaires majeurs avec l’ézétimibe :Les événements cardiovasculaires indésirables majeurs se sont produits à une incidence significativement plus élevée dans le groupe ézétimibe (9 sur 165 patients [5%]) que dans le groupe niacine (2 160 patients [1%]). Ce qui confirme que l’ézétimibe, bien qu’inefficace, n’en est pas moins dangereux…

En conclusion :

L’ézétimibe s’est montré inefficace à réduire la CIMT et s’est même révélé dangereux puisqu’à haute dose il à provoqué l’effet inverse, à savoir un épaississement de la CIMT. Quant à la niacine, il a été constaté une réduction de quelques microns de la CIMT. Quelle peut-être l’impact d’une telle réduction sachant que l’épaisseur de la CIMT augmente naturellement en vieillissant de 0.005 à 0.01 mm/an et que les effets de cette étude sont limités dans le temps.
Et surtout pourquoi utiliser des produits inefficaces alors qu’il est prouvé que le régime méditerranéen est pratiquement 5 fois plus efficace à réduire l’épaisseur de la CIMT[2] !
D’ailleurs même la HAS (Haute Autorité de Santé) dans sa fiche BUM (Bon Usage des Médicaments) reconnaît elle-même l’inefficacité de l’ézétimibe[3], ce qu’elle confirme d’ailleurs dans cet autre avis[4]. J’insisterai aussi sur ce communiqué récent (07/2014) de la HAS (Haute autorité de santé) qui, dans son « GUIDE DU PARCOURS DE SOINS Maladie coronarienne stable »[5] reconnaît elle-même que les produits suivants (dont l’Ézétimibe) n’ont strictement aucune efficacité : Les autres traitements (fibrates, résines, acide nicotinique, ézétimibe) peuvent réduire le cholestérol LDL, mais aucun avantage lié à ces alternatives n’a été montré en termes de prévention secondaire des complications de l’athérosclérose.
Ce qui n’empêche pas, hélas, de nombreux médecins et cardiologues de prescrire encore et toujours l’Ézétimibe et à l’Assurance Maladie de le rembourser…